Ligne de Tir - Chapitre 11
Chapitre 11
─ Do-won. J’y ai bien réfléchi, mais je pense vraiment que le réalisateur Park n’est pas fait pour ça.
Le manager Kim, qui semblait avoir beaucoup à dire depuis le matin, déclara cela tout en plantant fermement sa cuillère dans un bol en terre cuite bouillant. En face de lui, Ryu Do-won, qui avait pris un peu de bulgogi dans le couvercle de son bol de riz, lui lança un bref regard. Pendant son programme d’entraînement, il n’était autorisé à manger un repas normal qu’au déjeuner, et en quantité bien inférieure à une portion standard. Bien qu’il n’ait pas un grand appétit, pour quelqu’un qui mangeait normalement une grande marmite de ragoût de pommes de terre à lui seul, cela ne représentait qu’une bouchée. Pourtant, sans protester, il suivait strictement les instructions de son entraîneur. Après tout, il pourrait manger à sa guise pendant sa période de repos.
Ryu Do-won mâcha lentement son bulgogi tendre, sans enthousiasme. Le manager Kim s’étonnait toujours de le voir manger avec une telle indifférence. Avec son expression qui semblait dire : “Je voudrais bien que des pilules-repas soient inventées pour ne plus avoir à manger”. Au début, il avait pensé que c’était parce que la nourriture ne lui plaisait pas et l’avait encouragé à laisser ce qu’il ne voulait pas, mais il se souvenait également de la fois où Ryu Do-won, avec la même expression blasée, avait englouti à lui seul six portions de samgyeopsal (porc grillé) et trois portions de ragoût de kimchi. À ce moment-là, il s’était demandé qui était vraiment ce type.
─ Pourquoi ? demanda Ryu Do-won, en roulant des grains de riz entre ses doigts.
Le manager Kim, qui réfléchissait à ce qu’il venait de dire, attrapa la cuillère chauffée à blanc dans le bol.
─ Eh bien… il est vraiment impoli, non ? Même en tant que relation professionnelle, il agit ainsi. Imagine combien il doit être désagréable dans des contextes personnels !
─ Pourquoi ça ?
─ Ça ne te dérange pas ? Il a été si impoli dès la première rencontre. Ce n’est pas comme si tu étais un débutant ou un acteur sans réputation. Et il a même agi de cette manière avec des acteurs vétérans.
Ryu Do-won, observant le manager Kim en plein discours passionné, inclina la tête de côté.
─ Je ne me préoccupe pas de son attitude… Il semble très compétent, c’est tout ce qui compte pour moi.
─ Comment peux-tu en être sûr ? Pour moi, c’est juste un beau parleur.
Le titre de “réalisateur” avait disparu, remplacé par “ce type”. Ryu Do-won esquissa un sourire en voyant à quel point le manager Kim s’opposait à ce réalisateur, comme s’il s’agissait d’un beau-fils.
─ Quand je l’ai brièvement croisé, son corps était dur comme de la pierre. Ce n’est pas un muscle façonné par la salle de sport. Sa force était bien au-dessus de la mienne… Je pense qu’il pourra m’enseigner correctement.
Cela faisait trois jours que Ryu Do-won avait subi un test improvisé de Cha Min-hyuk, qui était devenu le réalisateur Park par défaut. Il se souvenait encore clairement de la force qu’il avait ressentie à travers les vêtements de Cha Min-hyuk.
C’était comme s’il s’était heurté à un poteau télégraphique ou à un rocher. Bien qu’il n’ait jamais été dépassé en force physique, il s’était fait complètement dominer par un homme tenant une simple branche. Même en soulevant un haltère de 40 kg, ses bras n’avaient jamais tremblé, mais face à Cha Min-hyuk, son corps tout entier était entré en convulsions et il avait transpiré abondamment.
Un tel corps ne peut être artificiellement construit. C’était une force acquise naturellement, issue d’un dur travail quotidien. Instinctivement, Ryu Do-won savait qu’il n’avait pas besoin de remettre en question les compétences de cet homme. C’était tout ce qui comptait pour lui. Il n’était donc pas du tout préoccupé par le caractère de Cha Min-hyuk, contrairement à son manager Kim.
Quoi qu’il en soit, il n’allait le voir que pour des cours, et n’avait aucune autre raison de le rencontrer. Que ce soit un monstre ou un homme à problèmes, cela lui importait peu.
─ Do-won, tu es vraiment trop insouciant, c’en est inquiétant. Si quelqu’un te demande de te porter garant ou de lui prêter ton compte bancaire, ne le fais jamais, compris ? Même si on te montre un document officiel, fais comme si tu ne voyais rien.
─ Ça n’arrivera pas, alors mangez votre repas.
─ … Ha. Non, ça ne va pas. Je vais appeler le réalisateur Yoon pour lui dire quelques mots.
─ Monsieur.
Le manager Kim, qui s’agitait en sortant son téléphone, s’arrêta lorsque Ryu Do-won l’interpella. Ryu Do-won se rinça la bouche avec de l’eau et posa son verre.
─ Ne le faites pas. Le réalisateur Yoon est malade, il n’a pas besoin de stress supplémentaire. De plus, il a recommandé ce réalisateur en pensant à moi, ce ne serait pas correct. J’ai un cours demain, je vais voir comment ça se passe et si ça ne va pas, je vous le dirai.
─ Do-won, tu es vraiment…
─ Je vous demande de ne pas le faire. Dans ce milieu, il a bien plus de renom que moi.
Ryu Do-won reposa ses baguettes après avoir rappelé au manager ses propres mots. Le bol de riz et la portion de bulgogi qu’il avait pris étaient complètement vides, si bien que Kim se demanda s’il avait bien mangé quelque chose. Il semblait que Ryu Do-won mangeait lentement uniquement lorsqu’il s’agissait de salade. Le manager Kim se hâta alors de finir son repas.
─ D’accord. Si tu insistes… Tu me tiendras au courant après ton cours.
─ Oui. Vous avez bien transmis le scénario, n’est-ce pas ?
Même si la voix du manager était quelque peu étouffée à cause de la nourriture, Ryu Do-won comprit parfaitement. Le manager Kim avala sa bouchée.
─ Oui, le réalisateur Yoon l’a envoyé lui-même.
D’ailleurs, où et à quelle heure doivent-ils se rencontrer ? Ryu Do-won, qui n’avait qu’un emploi à la radio prévu l’après-midi suivant, s’inquiétait de savoir s’il allait devoir attendre longtemps. Observant silencieusement la tête baissée de son manager, occupé à manger, il se leva discrètement.
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Trad : Aiko ⁺˚*・༓