Ligne de Tir - Chapitre 6
Chapitre 6
Ryu Do-won entra directement dans le dressing et en ressortit vêtu de vêtements de sport. Il fixa un brassard sur son bras pour y attacher son téléphone et mit une montre intelligente à son poignet. Il inséra des écouteurs dans ses oreilles. Il secoua rapidement ses mèches humides avec sa main après s’être lavé le visage, puis sortit une bouteille d’eau du réfrigérateur, préparée la veille au soir. L’eau rose et trouble dans la bouteille était une boisson à base de poudre de protéines, de collagène et d’arôme de citron.
Ryu Do-won jeta un coup d’œil rapide autour de sa grande maison par habitude, constata qu’il n’y avait rien d’anormal et sortit par l’entrée principale. Dès qu’il descendit de l’ascenseur, il commença à trottiner légèrement avec ses baskets bien serrées.
Il était exactement six heures du matin. C’était l’heure à laquelle la journée de Ryu Do-won commençait, avec une précision sans faille d’une minute.
Tadak, tadak, tadak, sa course équilibrée l’amena rapidement sur les rives du fleuve Han. À ce rythme, il atteindrait la salle de sport à 6h30, sans avoir besoin de faire d’autres exercices cardio. Les rives du fleuve Han à l’aube étaient animées par des joggeurs matinaux.
Parmi eux, certains le saluaient familièrement, peut-être à force de le croiser chaque jour. D’autres semblaient surpris de le reconnaître. Mais la plupart des gens couraient avec des visages fatigués, essayant de commencer leur journée coûte que coûte. Ryu Do-won n’avait donc pas besoin de se cacher sous une casquette ou des lunettes de soleil.
— Haa, haa…
Après environ quinze minutes de course, sa respiration devint plus lourde et ses glandes sudoripares s’ouvrirent. Ses cheveux étaient désormais humides de sueur et ses avant-bras commençaient à briller. Tandis qu’il maintenait son rythme constant, l’aube cédait la place à un matin lumineux. Les lumières de la nuit s’éteignaient et les vagues scintillaient plus que jamais. En hiver, il faisait encore nuit lorsqu’il atteignait la salle de sport, mais au printemps de mars, le jour se levait tôt et illuminait tout.
Pendant la course, Ryu Do-won ne pensait à rien. Bien que des chansons populaires jouaient dans ses écouteurs, il ne chantait pas les paroles ni ne fredonnait intérieurement. La musique n’était là que pour mesurer le temps de sa course, aussi précisément que possible.
La course de Ryu Do-won ralentit pour devenir une marche lorsqu’il quitta les rives du fleuve Han. En vérifiant sa montre tout en buvant de l’eau, il constata qu’il était 6h30 et 14 secondes. Une fois encore, il était arrivé à l’heure. Il jeta la bouteille vide dans la poubelle à l’entrée de la salle de sport.
L’obsession de respecter l’horaire ne le quittait jamais. Pour que la journée se passe bien, il devait impérativement suivre sa routine à l’heure prévue. Bien qu’il reconnaisse cette obsession, il ne pouvait pas la surmonter. Il savait qu’il pouvait se permettre de faire la grasse matinée, de ne pas faire d’exercice dès l’aube, et de manger ce qu’il voulait sans compter les calories. Mais Ryu Do-won avait choisi de s’imposer cette discipline rigoureuse.
Autrefois, le temps lui faisait peur. Le tic-tac des aiguilles des horloges le faisait souffrir. Enfant, il se cachait sous les couvertures pour échapper à son père violent, tuant le temps stupidement. Pour quelqu’un qui craignait chaque seconde, la seule façon de vaincre le temps était de l’utiliser sans le gaspiller, en étant plus occupé et plus méticuleux que quiconque. Conscient que sa peur s’était transformée en obsession.
— Oh. T’es là ?
Un entraîneur aux yeux bouffis accueillit Ryu Do-won. Ryu Do-won lui fit un signe de la main et se dirigea directement vers les vestiaires pour changer de chaussures et mettre une serviette de sport autour de son cou. Une odeur d’alcool persistait autour de l’entraîneur, qui semblait ne pas s’être complètement remis de sa nuit de beuverie. Tout en s’étirant pour détendre ses muscles, Ryu Do-won demanda soudainement :
— Tu as bu hier soir ?
— Oh, ne m’en parle pas. C’était le jour de la fin du tournoi, alors on a fait la fête jusqu’à quatre heures du matin.
— Tu sembles encore un peu ivre. As-tu mangé quelque chose pour te remettre ?
— Je vais m’occuper de toi et ensuite aller manger une soupe de soja. Ne t’inquiète pas pour moi, je suis un pro.
Bien que l’entraîneur, avec ses grandes mains, vérifiait les épaules et le dos de Ryu Do-won en souriant de satisfaction, cela ressemblait plus à des divagations alcoolisées pour Ryu Do-won. Cependant, il était satisfait de ses muscles pectoraux bien développés.
— Je me sens un peu nerveux.
— Pourquoi t’inquiéter, mon ami.
— Tu ne viens pas de tituber un peu ?
— Non, non. Accusation injuste !
Si Ryu Do-won n’avait pas été là, l’entraîneur serait probablement en train de dormir à cette heure-ci. Même si séparer vie professionnelle et vie personnelle est une évidence, il se dit qu’il aurait peut-être dû s’entraîner seul aujourd’hui.
— On va travailler les serratus anterior aujourd’hui ? Construisons un dos imposant ensemble. Je vais te transformer en statue vivante.
— Ton langage oscille entre la Corée du Nord et le Sud… Je crois que tu n’es pas encore complètement sobre.
— Je te dis que je suis sobre. Ne me fais pas confiance ?
Ryu Do-won, qui regardait l’entraîneur avec suspicion, accepta à contrecœur la ceinture de protection que celui-ci lui tendait. Les kettlebells et les haltères soigneusement rangés semblaient l’attendre.
À la fin de l’entraînement, le manager Kim, arrivé juste à temps, accueillit Ryu Do-won avec son sac de sport mouillé de sueur. Fraîchement lavé avec le shampooing et le gel douche de son casier, Ryu Do-won dégageait une subtile odeur musquée.
— Do-won, bonjour.
— Bonjour.
Après s’être salués, Ryu Do-won monta dans le van et fouilla dans le sac de salade que Kim avait ramené. Bien qu’il préfère les repas coréens pour le petit-déjeuner, il remplaçait ses repas par du pain protéiné et des salades lorsqu’il avait un tournage. Il mastiquait laborieusement le pain sec et insipide, vérifiant l’heure. Il était 8h20. En arrivant chez lui dans les dix minutes, il aurait juste le temps de se changer avant de suivre son emploi du temps chargé jusqu’à la fin de la journée.
Kim, assis au volant, commença à briefer Ryu Do-won sur le programme de la journée.
— Aujourd’hui, on va rendre visite au réalisateur Yoon à l’hôpital, puis on se rend directement à Namyangju.
— D’accord.
Ryu Do-won mâchait bruyamment une grande feuille de laitue, mais son visage ne montrait aucune émotion. Kim, jetant un coup d’œil dans le rétroviseur, lui demanda prudemment :
— Tu ne te lasses pas de ce régime ? On pourrait changer de magasin.
Je déteste vraiment le chou rouge… Mais Ryu Do-won mangea la feuille de chou violet sans se plaindre.
— Ça va. Une salade reste une salade, peu importe d’où elle vient.
— Mais chaque magasin a une composition de salade différente. De nos jours, certains proposent même des vinaigrettes zéro calorie. Ça pourrait rendre la chose plus agréable.
— Je préfère éviter ça. Autant se priver et profiter d’un bon repas plus tard.
— Haha, d’accord.
Aux yeux de Kim, même ce grand gaillard semblait adorable, comme un enfant faisant des caprices pour la nourriture.
— Ah… Je ne peux plus manger ça.
Avec le tournage chargé de la journée, Ryu Do-won devait manger un bon repas, mais il en avait déjà marre. Il referma le couvercle de la salade à moitié finie et mastiqua lentement le pain sec jusqu’à ce qu’ils arrivent à la maison.
Après s’être changé, ses cheveux étaient encore en désordre. Comme il n’avait pas besoin de passer par le salon de coiffure, il monta dans la voiture en tenue de sport légère et ouvrit la fenêtre. L’odeur du désodorisant que Kim avait pulvérisé pour éliminer les odeurs de nourriture était plus forte que prévu, ce qui dérangea Ryu Do-won. Cependant, il n’en fit rien paraître, reconnaissant pour l’attention de Kim.
— Combien de temps pour aller à l’hôpital ?
— Eh bien… Le GPS suggère de prendre l’Olympic Expressway, mais je connais bien le chemin pour Se-yeon Hospital. Moins de quarante minutes. Repose-toi.
— D’accord.
Kim savait que Ryu Do-won ne dormirait pas, mais c’était une suggestion courante pour quelqu’un qui se levait à l’aube pour faire du jogging et s’entraîner. Il était impressionné par la ténacité de Ryu Do-won qui ne montrait aucun signe de fatigue.
Comme prévu, Ryu Do-won révisa méticuleusement le scénario du jour jusqu’à ce qu’ils arrivent à l’hôpital, répétant plusieurs fois les répliques qu’il connaissait déjà et s’échauffant les poignets pour les scènes de combat à l’épée.
Kim ne l’interrompit pas, traversant l’Olympic Expressway pour rejoindre Se-yeon-ro. L’hôpital universitaire était toujours bondé. Connaissant la précision de Ryu Do-won pour le temps, Kim se faufila adroitement parmi les voitures pour entrer rapidement dans le parking.
Près de l’entrée principale de l’hôpital, des employés plantaient des tulipes. Le printemps était véritablement la saison des fleurs. Même l’hôpital austère était embelli par les fleurs colorées. Des patients et des visiteurs prenaient des photos des fleurs éclatantes. Ryu Do-won les regarda distraitement. Les fleurs plantées aux portes de la vie et de la mort étaient belles. Leur parfum délicat plaisait à Ryu Do-won, qui saluait avec un sourire ceux qui le reconnaissaient. Étant donné l’endroit, les gens chuchotaient mais ne demandaient pas de photos impoliment.
Kim, portant une caisse de boissons, marchait aux côtés de Ryu Do-won.
— Ah, Do-won, demain après-midi, il y aura une interview pour Look Magazine vers 15h20. J’ai informé l’équipe de production, donc ils devraient respecter l’heure. Les questions portent principalement sur Martell. Le manager viendra en personne. J’ai réservé une table dans un café près du plateau.
— Compris.
— Je t’enverrai les questions par message. J’ai rédigé quelques réponses, jette un coup d’œil.
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Trad : Aiko ⁺˚*・༓