Ligne de Tir - Chapitre 9
Chapitre 9
La personne sur la photo envoyée par Lee Jung-yoon était visiblement aussi corpulente que lui et était très beau. Rien qu’en regardant la photo, il était évident que cet homme, bien plus soigné en apparence que Lee Jung-yoon, qui avait agité tout le monde de l’au-delà, attirerait l’attention de ceux qui voudraient l’emmener une fois qu’il aurait traversé le fleuve Samdocheon. Que ce soit dans ce monde ou dans l’autre, une belle apparence était toujours bien accueillie.
Quoi qu’il en soit, Cha Min-hyuk avait l’intention de faire une évaluation rapide et, s’il estimait que ça ne valait pas la peine, de faire semblant de pré-traiter le sujet pour ensuite passer à autre chose. Après tout, il avait accepté ce travail simplement parce qu’il ne voulait pas écrire de rapport. Cha Min-hyuk était habituellement une personne très occupée, avec de nombreux autres dossiers en attente.
Il regarda autour de lui. À l’exception des quelques membres du staff en train de fumer, il n’y avait personne en vue. Avec autant de vans noirs autour, et si peu de gens, il devait probablement y avoir un tournage en cours.
Cha Min-hyuk déplia une feuille de papier qu’il avait grossièrement fourrée dans sa poche arrière et parcourut rapidement l’écriture. C’était un extrait du planning de Ryu Do-won, envoyé par Lee Jung-yoon, indiquant seulement les créneaux horaires où ils devaient se rencontrer.
En regardant le ciel pour estimer l’heure, Cha Min-hyuk sortit une cigarette et revérifia le papier. Il devait être environ 15h20… Ryu Do-won devait tourner cinq scènes entre 13h et 15h, puis prendre une pause et faire une répétition jusqu’à 15h30.
─ Il est censé être en pause, pourquoi je ne le vois pas ? Il est peut-être allé aux toilettes.
Se pourrait-il qu’il se soit caché quelque part ? Cha Min-hyuk mordilla le filtre de sa cigarette comme s’il mâchait un chewing-gum, puis prit une profonde bouffée. Alors qu’une fine volute de fumée s’échappait de sa bouche, il entendit une conversation tranquille derrière lui.
─ Ne te mets pas trop de pression. Si besoin, on reprendra plus tard. Fais juste comme le réalisateur Yoon t’a montré.
─ Oui, on dirait que c’est vous qui êtes plus inquiet, chef.
─ Allons, qu’est-ce que tu racontes ? Je crois en toi, Do-won.
En entendant cette conversation entre deux hommes, les sourcils de Cha Min-hyuk tressaillirent. Pas besoin de chercher plus longtemps, ils venaient de se présenter d’eux-mêmes. L’autre gars pouvait simplement être mis hors-jeu, et il pourrait facilement menacer Ryu Do-won, l’enlever un moment, et lui faire comprendre gentiment qu’il ferait mieux de coopérer, ou bien il aurait de gros ennuis. Avec un peu de chance, Ryu Do-won comprendrait qu’il s’agissait d’une offre de protection contre un éventuel harceleur.
Cependant…
Lorsque Cha Min-hyuk se retourna en pensant cela, il fronça les sourcils en croisant le regard impassible de Ryu Do-won. Un soudain coup de fatigue l’envahit, comme si un circuit dans son cerveau venait de se rompre. Depuis qu’il avait pris une forme humaine, il n’avait jamais ressenti de fatigue. C’était bien la première fois. Cha Min-hyuk se donna quelques coups sur la tête avec son poing.
Alors que Ryu Do-won, qui l’observait en silence, allait ouvrir la bouche, une main surgit soudain à côté de son visage. Cela aurait pu ressembler à une tentative de coup pour un observateur. Ryu Do-won, sans sursauter, tourna simplement la tête pour voir ce que c’était. L’homme en face de lui tenait un vieux téléphone portable près de son visage.
Après avoir comparé l’image agrandie sur l’écran avec le visage de Ryu Do-won, Cha Min-hyuk baissa ses lunettes de soleil sur sa chemise ouverte.
─ Ça y est, c’est bien toi, Ryu Do-won.
Puis, en rangeant son téléphone, il fixa intensément Ryu Do-won, presque comme dans un duel de regards. Ryu Do-won ne détourna pas non plus les yeux.
─ Qui êtes-vous ? demanda Ryu Do-won.
C’est à ce moment-là que le manager Kim, ayant finalement compris la situation, intervint pour s’interposer entre eux. Cha Min-hyuk le regarda comme s’il observait un insecte sans importance.
─ Et toi, t’es qui ?
Le manager Kim, impressionné par l’attitude intimidante de Cha Min-hyuk qui le scrutait de haut en bas, faillit reculer. Mais, déterminé à protéger son acteur, il s’interposa entre eux malgré la différence de taille évidente, Ryu Do-won étant nettement plus grand. La scène ressemblait à un hamburger mal monté.
Cha Min-hyuk ignora le manager Kim. Sa question n’était qu’une simple manifestation de son mépris :
─ Pourquoi t’es là à m’embêter ? Dégage.
Il continuait de fixer Ryu Do-won sans prêter attention à Kim.
─ Je suis le manager de Ryu Do-won. Vous êtes sûrement un fan, mais vous n’avez pas le droit d’entrer ici. Vous devez respecter les règles et sortir immédiatement.
Les paroles du manager étaient tellement absurdes que Cha Min-hyuk ne put s’empêcher de rire. Pourtant, au lieu d’adoucir ses traits, son sourire rendit son expression encore plus menaçante.
─ Quoi ?
Malgré sa nervosité, le manager Kim sembla fier de lui et redressa les épaules. Cha Min-hyuk, exaspéré, fronça les sourcils, une ride nette apparaissant sur son front.
─ Vous donnez un mauvais exemple aux autres fans. Sortez immédiatement. Allez, dehors.
─ Tais-toi, minus.
─ Qu’est-ce que vous avez dit ?!
Le manager s’emporta face à cette attaque personnelle inattendue. Ignorant sa réaction, Cha Min-hyuk le poussa légèrement pour se retrouver directement devant Ryu Do-won.
Leurs yeux étaient au même niveau. Aucun des deux ne baissa ou ne leva le regard. Ils avaient la même taille, bien que Ryu Do-won soit peut-être légèrement plus petit, de la longueur d’un ongle. Même face à cette proximité soudaine, Ryu Do-won ne montra aucun signe de panique.
Cha Min-hyuk observa lentement la tenue de Ryu Do-won. Les cheveux tirés en un chignon serré étaient probablement une perruque, et grâce au filet qui maintenait le tout, ses sourcils épais et ses cils fournis projetaient une ombre sur ses yeux captivants. Son nez bien dessiné et ses lèvres charnues dégageaient une beauté délicate, incomparable à celle de Lee Jung-yoon. Le menton ferme et la mâchoire effilée donnaient une impression de force, tandis que son cou droit rappelait une tige de plante fraîchement nourrie par la rosée du matin.
Son ample hanbok vert jade tombait élégamment jusqu’à ses mollets. Il ressemblait à un noble revenu dans sa province natale après avoir réussi ses examens.
S’il traversait les trois fleuves, les esprits ou les démons se jetteraient sûrement sur lui, bavant de convoitise.
Il fallait reconnaître les faits. Cha Min-hyuk comprenait maintenant pourquoi Lee Jung-yoon l’avait recommandé avec tant de confiance. D’ordinaire peu respectueux, Cha Min-hyuk se permit de dévorer Ryu Do-won des yeux, ignorant totalement le manque de politesse. Même pour quelqu’un comme Ryu Do-won, habitué aux regards, celui de Cha Min-hyuk était particulièrement intense.
Cependant, loin d’être offusqué, Ryu Do-won examina lui aussi Cha Min-hyuk. Ses larges épaules, sa taille fine et ses longues jambes lui donnaient une allure agile. Bien que son corps musclé indiquait une certaine densité, il ne paraissait pas lourd.
Sa chemise blanche, ouverte de deux boutons, ses manches retroussées, les cicatrices sur ses mains et ses bras, et le sabre qu’il portait à la ceinture complétaient son apparence.
─ Ah, Park Chul-woo, c’est un de mes juniors. Il est spécialisé dans les arts martiaux pour les films historiques et porte toujours un sabre en guise de prop. Si jamais quelque chose tourne mal, il corrige immédiatement les mouvements. Ses compétences sont vraiment impressionnantes, parfois même meilleures que les miennes. Tu seras satisfait, Do-won.
Les paroles élogieuses du réalisateur Yoon revinrent soudain à l’esprit de Ryu Do-won, qui entrouvrit ses lèvres brillantes.
─ Seriez-vous le réalisateur Park Chul-woo ?
Cha Min-hyuk n’avait aucune idée de qui était ce Park Chul-woo. Ce nom ne faisait pas partie des informations qu’il avait. Son sourcil gauche tressaillit. Cependant, Ryu Do-won, prenant son silence pour une confirmation, s’approcha d’un pas.
─ Vous êtes le nouveau chorégraphe de combats, n’est-ce pas ? Je suis Ryu Do-won. Enchanté de vous rencontrer.
Il s’inclina poliment et tendit la main. Cha Min-hyuk, qui le fixait comme s’il était face à une situation incompréhensible, plissa les yeux. Un chorégraphe de combats ? Oser dire ça à un capitaine des armées infernales…
─ Qu’est-ce que c’est que cette histoire de chorégraphe de…
Mais attends. C’est une aubaine inattendue, non ? Pas besoin de trouver une autre excuse. Cha Min-hyuk changea rapidement d’attitude. Il sourit, une cicatrice sous son œil remuant légèrement.
─ Ah… Oui, c’est bien moi, le chorégraphe.
Quelque chose semblait profondément déséquilibré, comme si tout allait de travers, et une mauvaise sensation remontait des tréfonds de son esprit. Il avait aussi le pressentiment qu’il venait de se mettre dans un sacré pétrin en prétendant être chorégraphe. Mais Cha Min-hyuk ignora son instinct, généralement infaillible, et serra fermement la main de Ryu Do-won. La chaleur de cette main douce et calleuse enveloppa la sienne.
Soudain, un pétale de fleur, porté par le vent, se posa délicatement sur le hanbok vert jade de Ryu Do-won. Sans s’en rendre compte, Cha Min-hyuk serra un peu plus fort sa main.
… Si ce type est aussi compétent qu’il en a l’air, je pourrais l’enrôler comme guerrier. Non, son apparence importe peu pour un guerrier. Tant qu’il sait bien se battre et manier les armes… Mais, le mettre en avant comme visage public pourrait ne pas être une mauvaise idée…
─ Oh, c’est vraiment vous, le réalisateur Park Chul-woo ? Excusez-moi pour mon impolitesse.
Le manager Kim, enfin conscient de son erreur, se confondit en excuses. Cha Min-hyuk tenait toujours la main de Ryu Do-won.
─ Mais le réalisateur Yoon a dit que vous seriez à Chungju pour un tournage jusqu’après-demain…
Le manager Kim hésita en posant la question, mais Cha Min-hyuk, qui tenait toujours fermement la main de Ryu Do-won, baissa lentement les yeux.
─ Tu te plains même quand je viens tôt.
Peu importait que son nom soit Park Chul-woo ou Kim Chul-woo. C’était une excuse parfaite pour rester à proximité. Autant en profiter. Pour les pressentiments et les instincts, il verrait plus tard. S’il fallait, il ferait juste un scandale devant Lee Jung-yoon.
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Trad : Aiko ⁺˚*・༓