Sortie du Guide - Chapitre 2
Chapitre 2
Regardant le visage de Woo Jung-hyun, qui parlait avec agitation, je me sentais paradoxalement plus calme.
Le fait que je sois revenu cinq ans en arrière alors que j’aurais dû mourir en perdant le contrôle semblait insensé, mais l’absence du collier qui aurait dû être autour de mon cou le rendait au moins plausible.
— Alors ce que maman a dit à l’époque…
La nuit où je me suis éveillé en tant qu’Esper, maman m’a mis un collier autour du cou. À première vue, c’était un collier ordinaire, excepté pour une petite pierre rouge de la taille d’un ongle de pouce.
— Je veux que mon fils soit heureux.
Maman était une chercheuse et une Esper rare capable de manipuler l’espace-temps. Elle avait toujours recherché des moyens de sauver des gens grâce à ses capacités.
— Garde ça toujours sur toi. J’espère que tu n’auras jamais à l’utiliser, mais si un jour tu en as besoin, ce collier te ramènera au moment où tu étais le plus heureux.
À 17 ans, je n’avais pas vraiment compris la signification de ses mots. Maman avait souvent couru vers moi et mon frère avec des objets qu’elle expérimentait dans son laboratoire, alors je pensais que c’était simplement l’un d’eux.
Ses doigts tremblaient légèrement en mettant le collier, et ses yeux étaient un peu rouges, mais à l’époque, je n’avais pas compris pourquoi.
Dix ans plus tard, je comprenais enfin ce que maman avait voulu dire.
Le collier était un arrangement de maman pour le moment où je mourrais en perdant le contrôle.
Je le savais avec certitude parce que le collier, que je n’avais pas enlevé une seule fois en dix ans, avait disparu.
Les objets que maman fabriquait disparaissaient toujours après avoir été utilisés. Mon frère et moi nous étions souvent disputés, pensant que l’autre les avait pris.
— Hyung. Tu es vraiment étrange aujourd’hui. Que s’est-il passé pendant la nuit ?
Je sortis de mes pensées en sentant quelqu’un secouer mon épaule. Mon frère, qui ressemblait à papa et était grand, me regardait avec inquiétude. J’étais tellement plongé dans mes pensées que je n’avais pas réalisé à quel point il était confus.
— Non, tout va bien. Je vais me préparer.
Je dis cela tout en poussant doucement mon frère vers la porte. Même s’il semblait sceptique, Jung-hyun quitta la pièce, continuant de me regarder avec suspicion.
— Ha.
Dès que la porte se referma, je me laissai tomber sur le sol. Je poussai un profond soupir, mais cela ne soulagea pas mon anxiété.
Honnêtement, je ne voulais pas rencontrer Joo Seol-hyun.
Admettre que le moment où j’avais été le plus heureux était quand je l’avais rencontré rendait cela réel.
— C’est trop humiliant.
À cause de qui suis-je mort ?
Mes sentiments étaient remplis de ressentiment, mais je savais déjà vers qui ils étaient dirigés. Même en mourant, je voulais le voir, et même en revenant à la vie, je ne pouvais m’empêcher de l’espérer.
C’était inévitable. Dès que l’on commence un amour non partagé, toutes les flèches se retournent contre soi. Je n’avais pas le droit de lui en vouloir.
Cinq ans passèrent ainsi. C’était suffisant pour que ces pensées destructrices deviennent une habitude.
— Je veux que mon fils soit heureux.
Je touchai machinalement l’endroit où le collier aurait dû être et repensai aux mots de maman.
Mon nez commençait à picoter.
J’avais ignoré toutes les raisons de mettre fin à cet amour non partagé, mais maintenant je pensais que je pouvais le faire. Non, je devais le faire.
— Maman m’a donné une chance.
Je serrai l’endroit où le collier aurait dû être. Mes doigts devinrent blancs.
— Je vais vivre. Je vais vivre et être heureux.
Sachant que c’était une deuxième chance, je ne pouvais pas la gâcher. Je savais ce que je devais faire.
— Aujourd’hui, je vais te rencontrer, mais je ne tomberai pas amoureux de toi.
Pour survivre, je devais rencontrer Joo Seol-hyun aujourd’hui. Mais pas pour tomber à nouveau amoureux de lui, mais pour annuler notre contrat de guide.
L’État ne comprendrait pas. Notre taux de compatibilité dépassait 80 %, un miracle, et il était l’un des rares guides de rang S.
Mais après avoir passé cinq ans ensemble, j’avais appris que cela ne servait à rien.
— Quel est l’intérêt d’un haut taux de compatibilité et de bonnes compétences s’il ne te guide pas ?
Je me moquais de mon ancien moi, heureux qu’il m’ait tenu la main.
Mon cœur battait encore de joie à l’idée de le revoir, mais ma tête était plus froide que jamais.
Loin des yeux, loin du cœur. Il serait difficile de couper tous les sentiments que j’avais accumulés en cinq ans, mais je pouvais le faire en le retirant de ma vue.
— Désolé pour le retard. Je suis Woo Jung-jae.
Comme l’avait prédit Jung-hyun, j’étais en retard. Il était presque 9 heures quand je quittai la maison, il était donc inévitable que j’arrive bien après cette heure au centre. En entrant dans le salon de réception du centre, un fonctionnaire me présenta à Joo Seol-hyun, et je le saluai poliment.
Il y a cinq ans, j’avais été tellement nerveux que je n’avais même pas pu le saluer correctement. Mon visage était devenu rouge et je n’avais pas pu le regarder dans les yeux. C’était une première impression pathétique.
— Je suis Joo Seol-hyun.
Le visage de Joo Seol-hyun, qui me salua, n’était pas très différent de celui dont je me souvenais à 29 ans. Un peu plus jeune, mais avec le même regard froid.
La seule différence était qu’à l’époque, il n’avait même pas daigné répondre à mon salut, tandis que maintenant il disait son nom.
— À l’époque, il ne voulait pas me dire son nom, et j’étais trop naïf pour le comprendre.
Je ne me souvenais pas de chaque conversation, mais je me souvenais de chaque expression. Dès le début, il avait été froid et m’avait dédaigné.
Je pensais que c’était juste une gêne normale au début, mais maintenant je comprenais qu’il n’aimait pas être apparié avec un Esper masculin.
Un câlin était hors de question, la limite était de se tenir la main.
C’était ce qu’il avait exigé lors de notre deuxième rencontre.
— Vous êtes déçu d’avoir un Esper masculin ?
Je lui demandai cela en souriant.
Je n’étais plus l’adolescent naïf de 22 ans, mais un homme de 27 ans, aguerri par cinq ans avec Joo Seol-hyun. Ses yeux montraient une légère surprise, malgré ses efforts pour cacher ses émotions.
— Je me sens aussi mal à l’aise avec un guide trop parfait.
Ce que je disais n’était pas quelque chose que l’on dirait lors d’une première rencontre.
Mais je voulais lui montrer que je comprenais ses sentiments et que je n’avais pas besoin de lui. Je m’attendais à ce qu’il se mette en colère, mais il resta calmement assis, les bras croisés, me regardant fixement.
— Je veux annuler notre contrat de guide attitré, qu’en pensez-vous ?
Les mots sortant de ma bouche me surprirent autant que lui.
Je me sentais libéré, mais sa réaction fut moins dramatique que prévu. Le fonctionnaire, qui attendait de sortir après avoir fait les présentations, fut plus choqué.
Joo Seol-hyun resta assis, les bras toujours croisés.
— Fais comme bon te semble.
C’était ce à quoi je m’attendais. J’allais demander au fonctionnaire de préparer les papiers.
— Mais, tu devras signer un contrat de guide temporaire.
Si seulement il n’avait pas ajouté cela.
— …
Il détestait même respirer le même air que moi, alors pourquoi ?
Je le regardai avec incrédulité.
Si Joo Seol-hyun devenait mon guide temporaire, je pourrais avoir plusieurs guides temporaires, mais pas de guide attitré. Si je voulais un guide attitré, je ne pouvais pas avoir de guides temporaires.
C’était comme avoir plusieurs ventilateurs ou un climatiseur. La première option était utilisée par les Espers qui n’avaient pas de guide avec un taux de compatibilité élevé. Avoir plusieurs guides et alterner les guidages était inefficace. J’allais refuser.
— Sinon, je ne pourrai pas annuler le contrat.
Comme s’il avait prévu ma réponse, il parla d’un ton provocateur.
Je ne pensais pas qu’il rejetterait mon offre, alors je restai sans voix.
— Que vas-tu faire ?
Même si les Espers avaient un certain pouvoir, il était difficile de changer de guide sans l’accord du guide. Au minimum, je devais passer un mois avec lui avant de demander un changement. Le contrat de guide attitré stipulait que nous devions vivre ensemble.
Si j’avais complètement tourné la page, cela aurait pu marcher, mais j’avais besoin de temps. Si nous vivions ensemble, mes sentiments reviendraient.
— D’accord. Signons un contrat de guide temporaire.
C’était mieux d’avoir des rencontres programmées avec lui en tant que guide temporaire. Pour la première fois, il sourit.
— Pas aussi idiot que je le pensais.
Joo Seol-hyun détestait les idiots.
Peut-être qu’il m’avait toujours méprisé parce que je devenais stupide en sa présence.
Pour la première fois en cinq ans, son compliment me fit sentir plus froid.
— Merci.
Merci de m’avoir fait comprendre.
Je me sentais plus lucide que jamais.
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Trad : Aiko ⁺˚*・༓